Etats-Unis : des étudiants en grève de la faim pour Gaza

Etats-Unis : des étudiants en grève de la faim pour Gaza


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A l’université de Yale, ainsi que sur plusieurs campus californiens, une trentaine d’étudiant-es sont entrés en grève de la faim il y a une semaine, pour exiger de leurs universités la fin


des partenariats avec les entreprises complices du génocide, ainsi qu’avec les universités israéliennes.


Alors que la fin du semestre a vidé les campus américains de leurs étudiant-es et que la répression intense des soutiens à la Palestine freine les mobilisations, six étudiant-es de Yale ont


pris la décision d’entrer en grève de la faim ce samedi, rejoints hier par un membre du personnel de l’université, après qu’une trentaine d’étudiant-es de la California State University


(CSU) sont entrés en grève de la faim le 5 mai.


Dans un communiqué publié sur Instagram, ils déclarent leur solidarité avec les Palestiniens affamés par le blocus d’Israël et demandent la fin du « soutien financier et idéologique de Yale


au génocide », notamment la fin des partenariats avec l’université de Tel Aviv et l’arrêt de bourses finançant des séjours étudiants en Israël.


Il y a deux semaines, Yale avait radié l’organisation étudiante Yalies4Palestine, dont font partie les étudiant-es en grève de la faim, pour leur participation au campement érigé le 22 avril


en réaction à la venue du ministre de la sécurité israélien Ben-Gvir. L’université avait envoyé la police réprimer brutalement les 200 manifestant-es et entamé des procédures disciplinaires


contre plusieurs étudiant-es mobilisé-es.


Yalies4Palestine, dans son communiqué, demande l’amnistie pour les étudiant-es réprimé-es et le droit à se mobiliser sur le campus, alors que l’université envoie depuis samedi ses officiers


de sécurité et « facilitateurs de dialogue » surveiller et intimider les étudiant-es assis pacifiquement devant un bâtiment. Après être entrés à l’intérieur, soutenus par une vingtaine de


manifestant-es, l’administration est intervenue pour chasser et menacer les activistes, regroupés sans autorisation de l’université et accusés de représenter une « menace pour la sécurité »,


comme l’explique le communiqué.


Le journal étudiant Yale Daily News rapporte des menaces de sanctions disciplinaires voire d’arrestations. La rencontre publique avec le responsable des partenariats de l’université de Yale,


exigée par les étudiant-es, a été refusée net par l’administration. Dans le communiqué, les étudiant-es l’assurent : ils n’arrêteront pas leur mouvement tant qu’ils ne seront pas entendus.


Les étudiant-es de Yale exigent que leur université adopte la même politique d’investissement que l’université publique de San Francisco, qui avait l’année dernière concédé certains


désinvestissements, dans la foulée de l’université publique de Sacramento qui avait aussi mis un terme à des partenariats israéliens.


Cette revendication est partagée par les trente étudiant-es en grève de la faim qui ont débuté leur action il y a dix jours sur les campus des universités publiques californiennes de San


Jose, Sacramento, San Francisco et Long Beach. Réclamant l’arrêt des partenariats avec des entreprises fournissant des armes et des technologies de surveillance à l’armée israélienne,


notamment Boeing, les étudiant-es ont pour l’instant rencontré le refus de l’administration de considérer leurs revendications. Lundi, douze étudiant-es et professeur-es de l’université de


Stanford ont annoncé débuter une grève de la faim sur les mêmes mots d’ordre.


Après une semaine de grève de la faim qui a pris fin vendredi, un étudiant mobilisé de l’université publique de San Francisco explique le choix de ce mode d’action au Guardian : il est


certain que la police serait « immédiatement appelée » si un campement était réinstallé. A Yale, les étudiant-es toujours en grève boivent de l’eau avec des électrolytes, et vérifient leurs


constantes régulièrement. Ils rapportent sur Instagram ressentir une fatigue extrême, des difficultés à réguler leur température corporelle et être en hypoglycémie. Sur leurs pancartes, iels


interpellent l’administration : « des millions meurent de faim à Gaza, Yale va-t-elle enfin s’en préoccuper, si ses propres étudiants s’affament aussi ? »


Comme le rappelle Yale Daily News, au printemps dernier 14 étudiant-es de Yale avaient effectué une grève de la faim de huit jours, qui s’était soldée par un échec, l’université ayant jugé


que les partenariats avec des fabricants d’armes ne causaient pas de « préjudice social grave », une condition pour le désinvestissement. Deux campements avaient été érigés à cette période


sur le campus, dont l’un avait été brutalement réprimé avec l’arrestation d’une quarantaine d’étudiant-es.


Malgré la répression très dure des soutiens à la Palestine, qui passe par la révocation de visas et la déportation de militants pour la Palestine comme Mahmoud Khalil, la mobilisation contre


le génocide se poursuit sur les campus. Dans les universités new-yorkaises de Columbia le 7 mai, mais aussi à CUNY le 8 mai (alors qu’avait lieu une manifestation de soutien aux


enseignant-es précaires), les étudiant-es continuent de se mobiliser pour la Palestine exigeant l’arrêt des partenariats et le droit à s’organiser sur les campus. Contre la criminalisation


du soutien à la Palestine et contre le génocide en cours, il est urgent de s’organiser.