
Armes de longue portée en ukraine : merz signe une nouvelle escalade
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:
La rencontre entre le chancelier allemand et son homologue ukrainien les 28 et 29 mai à Berlin a débouché sur la signature d’un protocole d’accords qui intensifie le soutien de l’Allemagne à
l’Ukraine, qui offre sa participation à la production de missiles ukrainiens de longue portée. « L’Ukraine pourra ainsi se défendre pleinement, y compris contre des cibles militaires en
dehors de son territoire national » a déclaré Merz, se félicitant de ce qu’il qualifie de « premier pas dans une nouvelle coopération entre [les] deux pays, dans la production d’armes à
longue portée ». Cette annonce fait suite à une révélation lors d’une interview accordée lundi à la chaîne de télévision allemande WDR. Le chancelier allemand avait annoncé qu’il n’y a[vait]
plus de restriction de portée pour les armes livrées à l’Ukraine […] L’Ukraine peut désormais se défendre en attaquant des positions militaires en Russie »}. Comme l’Allemagne n’avait
jusqu’à présent fourni aucune arme d’une portée supérieure à 84 kilomètres, cette déclaration a été considérée comme un aveu que Berlin fournit désormais à l’Ukraine le missile de croisière
controversé Taurus, d’une portée de 500 kilomètres. Moscou considère que le déploiement de cette arme très complexe, qui nécessite du personnel allemand pour fonctionner, signifierait
l’implication de l’Allemagne dans la guerre et a menacé de riposter en frappant également des cibles allemandes. L’Allemagne, qui est le deuxième pourvoyeur d’aide militaire à l’Ukraine
après les Etats-Unis, suit ainsi l’exemple du Royaume-Uni qui fournit déjà ce type de soutien à l’Ukraine, tandis que Joe Biden avait donné l’aval de Washington en novembre à l’Ukraine pour
utiliser des missiles de longue portée contre la Russie. Pour l’heure, Kiev reçoit des missiles ATACMS états-uniens d’une portée de 300 Km, des missiles Storm Shadow du Royaume-Uni et des
Scalp de la France, tous deux d’une portée de 400 Km. Il s’agit d’un changement de doctrine militaire, alors que les missiles que fournit l’Allemagne à l’Ukraine avaient officiellement
jusqu’alors une portée de 84 Km. Pour l’heure, si Zelensky s’est félicité du feu vert allemand pour utiliser des missiles de longue portée (ce qui s’est déjà produit), il semble que
l’Ukraine manque de munitions. L’intensification du soutien militaire de l’Allemagne permettra à l’Ukraine de frapper en profondeur le territoire russe, et s’inscrit dans la volonté de Merz
de faire de l’Allemagne la « pointe avancée » du soutien à l’Ukraine en Europe, auprès de Macron, Sarmer et Tusk, avec qui il s’était réuni le 10 mai, échouant à imposer un ultimatum à
Poutine. Pour autant, l’accord signé mardi à Berlin ne signifie pas que l’Allemagne livrerait directement des missiles de longue portée – ce qui constituerait une implication directe dans la
guerre aux yeux du Kremlin. L’engagement de Merz reste circonscrit pour le moment à la participation financière de l’Allemagne dans la construction de nouveaux missiles, sur le sol
ukrainien, dont la production sera assurée par l’industrie d’armement ukrainienne et dont l’Allemagne livrera certaines composantes. Le ministre de la défense allemande a assuré dans un
communiqué qu’un « nombre considérable de ces armes à longue portée pourrait être produit cette année » et que « les premières d’entre elles pourront être utilisées par l’armée ukrainienne
dans quelques semaines seulement ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré en retour que « toute ces actions entravent naturellement les efforts de paix ». Friederich Merz
reste pourtant dit ambigu sur la possibilité de livraisons directes de missiles Taurus (d’une portée de 500 Km) par l’Allemagne. Comme le souligne la BBC il n’est pas clair si ces
déclarations ouvriront « la voie à la fourniture par l’Allemagne de ces missiles ». Son prédécesseur Olaf Scholz s’y opposait, tandis qu’il s’agit d’une demande répétée de Volodymyr
Zelensky, qui demandait déjà en janvier 2023 « la livraison de missiles à longue portée à l’Ukraine » ainsi que d’avions de combat, après l’envoi de chars lourds allemands par Scholz. Le
chancelier allemand a par ailleurs avancé que l’Allemagne ferait « tout » pour empêcher le fonctionnement du gazoduc Nord Stream 2, qui aurait approvisionné le pays en gaz russe peu cher. En
intensifiant la guerre contre la puissance nucléaire russe, le gouvernement Merz prend un risque énorme. Un élargissement de la guerre menace de transformer toute l’Europe en une zone
dévastée. La guerre en Ukraine n’a pas épuisé son potentiel de déstabilisation de la situation internationale, et pourrait toujours pousser à une situation d’escalade qui va bien au-delà du
terrain sur lequel elle a effectivement lieu. En ce sens, même les scénarios s’acheminant vers des négociations pourraient donner lieu à des affrontements militaires plus durs que ceux que
nous avons vus cette année, tout en ne promettant pas beaucoup plus qu’un gel temporaire du conflit. Les gouvernements impérialistes et ses partenaires d’un côté et Poutine de l’autre
continuent à jouer avec la vie de millions de personnes.