Levi’s 501: un sacré numéro

Levi’s 501: un sacré numéro


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L’histoire du jean en toile denim débute lorsque Levi Strauss, propriétaire d’une entreprise textile spécialisée dans la vente en gros et basée à San Francisco, aurait ramené la toile de


Nîmes, aux Etats-Unis, pour coudre ses premiers jeans. Ceux que nous connaissons aujourd’hui en denim teinté en bleu indigo, avec des poches et de robustes rivets qui en font de solides


vêtements de travail, furent brevetés en 1873 par Jacob Davis, tailleur. L’origine du jean remonte en réalité à l’époque du Moyen-Âge en Europe, où il prenait forme dans un mélange de coton,


de laine et de lin et était nommé « futaines ». Vite exportée en Angleterre depuis l’Italie du Nord, via le port de Gênes, cette toile prit le nom de jean ou jeane — faisant référence à son


port d’expédition — à la fin du XVIe siècle au Royaume-Uni. Plus doux et souple que le jean, le denim découle d’un tissage de fils de chaîne. Dès le Moyen-Âge, Nîmes se spécialise dans les


étoffes bon marché de toutes matières, d’armure serge (tissu avec trois armures de tissage avec sillon en Z ou en S) avec chaîne et trame de tons souvent différents, dont auraient été faites


les voiles de la _Santa Maria_, navire de Christophe Colomb. La révocation de l’édit de Nantes, par l’exil des industriels protestants qu’elle entraîne, élargit le réseau pour l’exportation


de ce produit. Une situation nouvelle dont profitent les industriels nîmois du XVIIIe siècle pour introduire dans leur ville, le coton et l’indigo, fabriqué en Amérique du Nord. Même si


l’origine des toiles est européenne, les Etats Unis en ont fabriqué un véritable culte. Les jeans de Levi Strauss et Jacob Davis étaient au départ produits dans deux tissus différents, de la


toile brune et du denim bleu. Mais, la création du modèle 501 en 1890 confirma la prédominance du denim. Ce sont eux qui installèrent les rivets en cuivre servant à renforcer les poches,


car les ouvriers se plaignaient des déchirures fréquentes des poches de pantalons. C’est encore Levi Strauss qui ajouta la double couture orange qui renforça la solidité, mais servit aussi


de marque d’identification des Levi’s. Puis, les passants de ceinture firent leur apparition en 1922 et des fermetures éclair vinrent remplacer la braguette à boutons sur certains modèles en


1954. Au moment de l’expiration du brevet de Levi Strauss et Jacob Davis en 1890, d’autres fabricants furent libres de reproduire le style. OshKosh B’Gosh arriva ainsi sur le marché en


1895, Blue Bell (devenu par la suite Wrangler) en 1904, et Lee Mercantile en 1911. Pendant le premier conflit mondial, les jeans Lee Union-Alls étaient portés par tous les travailleurs


participant à l’effort de guerre. Aujourd’hui, presque toutes les marques de luxe ont des jeans dans leurs défilés. Accessibles à tous les porte-monnaie et décliné dans une multitude de


styles, le denim est partout et se réinvente aujourd’hui en version écologique et plus durable. On donnera le dernier mot à Yves Saint Laurent. « Je n’ai qu’un regret, celui de ne pas avoir


inventé le jean», avait confié le couturier dans une interview de novembre 1983 accordée au _New Yorker Magazine_. «Ils ont du caractère, de la modestie, du sex-appeal, de la simplicité –


tout ce que je souhaite pour mes vêtements. »