Sorties refusées à hugo bernier: «je crains qu’il fasse une autre innocente victime»

Sorties refusées à hugo bernier: «je crains qu’il fasse une autre innocente victime»


Play all audios:

Loading...

«La Commission se doit, pour la protection de la société, d’être extrêmement prudente. Même dans le scénario d’une sortie avec escorte, le risque est inacceptable», ont conclu les


commissaires mardi au terme d’une audience marathon. Le meurtre de Julie Boisvenu a marqué les esprits en 2002. La femme de 27 ans revenait d’une fête au centre-ville de Sherbrooke, lorsque


Hugo Bernier en a fait sa proie. Tout juste sorti de prison pour le viol crapuleux d’une femme, Hugo Bernier a séquestré, agressé sexuellement et assassiné Julie Boisvenu. Il a été condamné


à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Au début de l’audience mardi, le père de Julie Boisvenu et ex-sénateur conservateur, Pierre-Hugues Boisvenu, a


sommé les commissaires de laisser l’assassin de sa fille derrière les barreaux. «Cet homme est dangereux pour les femmes. […] Aujourd’hui, cette pensée me glace le sang et m’inquiète au plus


haut point. C’est impossible de passer au silence à quel point je crains qu’il fasse une autre innocente victime, une autre Julie Boisvenu», a lancé Pierre-Hugues Boisvenu, à deux pas du


bourreau de sa fille. En raison de problèmes techniques, le père endeuillé a dû relire sa lettre, l’équivalent de «remettre un couteau dans la plaie» à ses yeux. Si le meurtrier était si


proche des victimes, c’est parce que l’audience s’est déroulée selon la culture autochtone. Hugo Bernier revendique maintenant des racines micmaques. Tous les intervenants étaient placés en


cercle. Pour la première fois depuis le procès, Hugo Bernier a parlé du meurtre de Julie Boisvenu. Du bout des lèvres, il a admis avoir commis un geste «odieux», sans toutefois exprimer de


remords. «Je comprends que ce que j’ai fait n’est pas correct», a-t-il dit. L’assassin a expliqué avoir choisi sa proie par hasard ce soir-là. «Elle était au mauvais endroit au mauvais


moment», a-t-il dit. Hugo Bernier maintient que Julie Boisvenu a d’abord consenti à ses avances sexuelles, avant de changer d’avis dans la voiture. Mais contrairement au procès, il n’évoque


plus la thèse farfelue de l’accident. Son récit était toutefois confus. Il a évoqué vaguement des « pulsions » et un «manque de confiance». «J’ai perdu le contrôle. Pourquoi ? Je ne sais


pas», a-t-il confié. En 1999, Hugo Bernier avait séquestré et violé une femme pendant des heures. À ce sujet, le délinquant s’est montré peu loquace. «J’avais un problème», a-t-il résumé. Il


a aussi avoué avoir agressé sexuellement à plusieurs reprises une ex-conjointe. «2 À 3» COMME RISQUE DE RÉCIDIVE Selon une récente évaluation, Hugo Bernier a démontré une réaction physique


«significative» pour des scénarios de viols avec humiliation. «Honnêtement, ça, c’est extrêmement préoccupant pour la Commission. C’est un élément central dans l’évaluation du risque pour la


Commission», a insisté une commissaire. Hugo Bernier a toutefois nié cette conclusion. «Quand la personne dit non, c’est non. Je suis capable de changer mes pensées», a-t-il assuré. Mais


ensuite, il a admis avoir toujours des «pensées déviantes». «La Commission ne peut pas faire abstraction de ça, parce que c’est trop collé à votre criminalité», a souligné une commissaire.


Quand on lui a demandé d’évaluer sur une échelle de 1 à 10 son risque de récidive, Hugo Bernier a répondu avec candeur: « 2 à 3 ». «Seul un psychopathe peut commettre un tel geste de


sang-froid et sans remords», a déclaré Pierre-Hugues Boisvenu, au début de l’audience. Hugo Bernier n’est pas encore admissible à sa libération conditionnelle. Il s’adressait mardi à la


Commission pour obtenir deux permissions de sortir avec escorte. À des fins de «perfectionnement personnel», il espérait visiter un pénitencier à sécurité minimum et se rendre à des centres


culturels autochtones pour se «rapprocher de sa culture». La Commission lui a refusé de telles sorties en raison de sa dangerosité. Cependant, les commissaires ont souligné le «positif» dans


sa réhabilitation, notamment son suivi psychologique, son retour aux études et son statut de pairs aidants. Hugo Bernier souhaite aussi assister pendant deux heures à une cérémonie


familiale en mémoire de son frère prévue chez son père à Gaspé. Son équipe de gestion de cas l’appuie dans cette démarche. En tout temps, Hugo Bernier serait menotté et escorté par deux


agents armés. La Commission a pris cette demande en délibéré. «Il y a du positif. Ne perdez pas espoir», a conclu une commissaire.