
Lynk & Co 02 : pas plus excitant qu’un transport en commun
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ESSAI – Deuxième modèle de Lynk & Co en Europe, le 02 est un proche cousin des Volvo EX30 et Smart #3. Inconnu au bataillon et moins abouti que ses cousins, il peine à sortir du lot sur un
segment des SUV électriques saturé. La seule originalité concerne une fonction d’autopartage… Qui ne séduit guère les clients !
La silhouette du Lynk & Co 02 rappelle fortement celle du Toyota C-HR.
Un SUV électrique chinois de plus ! Voilà la réaction légitime qu’on peut avoir à la vue du Lynk & Co 02. Cette marque du groupe Geely n’est pourtant pas totalement inconnue ; elle a été
l’un des premiers labels chinois à fouler le sol français, avec le 01. Ce convaincant cousin du Volvo XC40 hybride rechargeable se distinguait par son mode de vente. S’il était possible de
l’acheter, la marque proposait également un forfait mensuel tout compris, sans engagement, pompeusement surnommée « Netflix de l’automobile ». Avec la promesse, difficile à tenir pour la
marque, d’un renouvellement de voiture tous les ans. Nombre de clients ont récupéré une auto déjà utilisée au moment du changement annuel… Et ce sont uniquement des véhicules d’occasion que
les nouveaux abonnés se voient attribuer aujourd’hui.
Autre spécificité : la possibilité de proposer sa voiture en autopartage, via un menu à l’écran, dans l’idée de diminuer son loyer. Sans surprise, peu de propriétaires sont enclins à céder à
un inconnu le volant de leur SUV vendu plus de 40 000 euros, pour ne récupérer que quelques dizaines d’euros chaque mois. Selon les statistiques de la marque, seuls 5,8 % des clients
français proposent régulièrement leur voiture à la location. Au moment d’écrire ces lignes, une quinzaine de véhicules seulement étaient proposés à l’autopartage sur toute la région
parisienne. Le flop était prévisible.
Il ne restait au Lynk & Co 01 que l’argument de proposer un des tout meilleurs rapports prix/prestations de sa catégorie… Ce qui n’est déjà pas si mal ! Mais difficile d’émerger alors que la
marque ne disposait d’aucun point de vente, toute commande se faisant en ligne. Qui plus est, alors que la gamme compte en Chine une dizaine de modèles, l’offre européenne limitée au 01
reste famélique.
Ces optiques dans le capot regroupent uniquement les feux diurnes.Nicolas Meunier/Challenges
Quatre ans après, enfin, un deuxième modèle apparaît. Celui qui s’appelle Lynk & 02 en Europe est né Z20 en Chine. Et la marque change totalement son fusil d’épaule : ce SUV électrique n’est
plus disponible sur abonnement, mais via un leasing traditionnel ou à l’achat. Et un réseau est en cours de développement actif, avec l’espoir d’une vingtaine de concessions en France d’ici
la fin de l’année, l’entretien s’effectuant dans le réseau Volvo. Mieux, le rythme de nouveautés s’accélère puisque le 08, un SUV familial hybride rechargeable, s’annonce dans quelques
semaines.
Tout semble révéler que Lynk & Co veut devenir une marque comme les autres… Et voilà sans doute ce qui pose problème ! Car le 02 arrive dans un segment saturé, celui des SUV compacts
électriques. Parmi la concurrence féroce, il doit faire face à deux cousins, les Volvo EX30 et Smart #3 avec lesquels il partage sa plateforme et sa mécanique. Surtout, au sein du groupe
Geely, la restructuration de Lynk & Co est simultanée avec le lancement de Polestar et Zeekr en France, elles aussi spécialistes des modèles électrifiés.
Le dessin de la planche de bord ressemble à n'importe quel autre SUV électrique.Nicolas Meunier/Challenges
Evidemment, le Lynk & Co 02 se différencie de ses deux cousins par un style radicalement différent. A voir les têtes se tourner sur son passage, il semblerait que le pari est réussi. La
jolie couleur Cosmic Blue de notre exemplaire d’essai met en valeur des lignes bien dans son époque… Mais tout de même très proches d’un Toyota CH-R. Difficile donc de parler d’originalité
réelle. Et il en est de même à l’intérieur, où la planche de bord horizontale dominée par un écran tactile ressemble à n’importe quel autre produit générique en provenance de l’ex-Empire du
Milieu. Ce n’est pas laid, mais c’est d’une banalité confondante.
Le dessin convenu n’est pas mis en valeur par des matériaux hors du commun. En recourant aux plastiques recyclés et à une sellerie en similicuir à l’aspect très plastique, les équipes de
Lynk & Co semble flatter leur conscience écologique (si tant est que le plastique soit écologique), plus que l’œil et le toucher des futurs clients. Le grand rangement central qui sonne
creux est digne d’une voiture sans permis. Comme sur les Smart et Volvo utilisant la même plateforme, l’ergonomie passe entièrement par l’écran. Mais alors qu’elle est plutôt bien pensée sur
les cousins, l’organisation des menus apparaît ici très confuse.
Cette lanière est la seule commande physique, et elle permet d'accéder au menu pour proposer la voiture en autopartage. Un gadget !Nicolas Meunier/Challenges
Désactiver les aides à la conduite (à chaque démarrage) est un enfer : le maintien de voie se décompose en trois fonctions, l’alerte de vitesse en deux. A cela s’ajoute l’alerte de vigilance
du conducteur, un peu trop intrusive. Cela fait donc six éléments à cocher… et à valider ! Avec les clics pour accéder au menu, ce ne sont pas moins de quinze manipulations nécessaires pour
se débarrasser des alertes horripilantes ! La plupart des constructeurs ont aujourd’hui un raccourci pour tout anéantir d’un coup. Dans le Lynk & Co 02, il ne subsiste qu’une commande
physique, une sorte de lanière en tissu ornée d’un point d’exclamation et d’un point d’interrogation, qui sert de raccourci vers l’écran permettant de proposer sa voiture en autopartage…
Voilà un gadget bien superflu, qui n’est là que pour souligner l’unique spécificité de Lynk & Co.
Tout n’est pas à jeter dans ce Lynk & Co 02. L’habitabilité apparaît plutôt généreuse pour le gabarit, avec une longueur qui atteint 4,46 m. A l’arrière, les passagers ont leurs aises et
profitent d’une posture confortable. Mais c’est au détriment du coffre, simplement dans la moyenne avec 410 litres.
De la Smart #3, le Lynk & Co 02 reprend la plateforme SEA2 du groupe Geely, ainsi que la mécanique associée. Le moteur synchrone à aimants permanents, qui entraîne les roues arrière,
développe 272 ch et 323 Nm. De quoi largement excéder les besoins d’une clientèle à la recherche d’un modèle familial (0 à 100 km/h en 5,5 secondes, vitesse de pointe de 190 km/h au
compteur).
La batterie, de 66 kWh (dont 62 kWh utiles), semble d’une capacité relativement faible pour la catégorie. C’est sans compter les consommations, aussi basses que sur le cousin sino-allemand.
15,4 kWh/100 km sur route et 22 kWh/100 km sur autoroute, ce n’est pas tout à fait aussi bon que la référence Tesla Model Y, mais on n’en est pas loin. Voilà qui garantit une autonomie
finalement pas ridicule du tout.
Sans surprise, la courbe de charge est identique à celle relevée sur la Smart #3, passant de 10 à 80 % en 30 minutes. Correct, même si une puissance mieux maintenue en fin de charge aurait
permis de grappiller quelques minutes et se hisser parmi les meilleurs.
Si la partie électrique donne satisfaction, le châssis laisse de marbre. La suspension, relativement ferme sans être tape-cul, souffre d’un amortissement trop lâche. Les mouvements en
détente sont mal freinés, en particulier sur le train arrière. Voilà qui impose des rebonds sur les bosses et ralentisseurs, ainsi que des coups de raquette désagréables pour les passagers.
Le bilan dynamique est tout juste moyen. Sur les tracés sinueux, le Lynk & Co 02 s’écrase sur ses appuis et est sensible aux transferts de masses. Le train avant perd de l’adhérence à
l’accélération lorsque le nez se lève, l’arrière insuffisamment maintenu manque de stabilité lors des forts freinages. Heureusement, l’électronique agit avec pertinence. Mais la mise au
point n’est guère brillante, et il est difficile de prendre du plaisir au volant de ce SUV. Regrettable, alors que les cousins Smart #3 et Volvo EX30 apparaissent bien plus finement aboutis.
La consommation raisonnable permet une autonomie correcte.Nicolas Meunier/Challenges
Il serait exagéré d’affirmer que le Lynk & Co 02 est une mauvaise voiture. Mais le bilan est médiocre en de trop nombreux points pour que ce modèle suscite vraiment l’intérêt. Ce SUV
concentre à lui seul tous les travers horripilants des dernières tendances de l’automobile. L’ergonomie tout écran, à la mode, est ici complètement ratée. Les ingénieurs semblent n’avoir pas
pris la peine de mettre au point avec application le châssis. Qu’importe, l’électronique est là pour sauver la mise du conducteur, ont-ils dû penser ! Le style est un agrégat d’éléments qui
plaisent aux quatre coins du monde, sans vraie cohérence ni identité. Et la puissance, superfétatoire, ne semble là que pour justifier un tarif qui n’a rien d’amical. 39 995 euros pour
notre finition haut de gamme More, ce n’est pas bon marché pour un simple véhicule familial compact.
Certes, l’équipement est généreux, mais du fait de sa fabrication chinoise, le Lynk & Co 02 ne profite pas du bonus écologique et, dans le cas des véhicules de fonction, souffre d’un
pourcentage d’avantage en nature aussi élevé qu’un modèle thermique. Difficile de ne pas lui préférer la nouvelle référence de la catégorie, le Skoda Elroq (38 390 euros en finition Clever
avec la batterie de 60 kWh, 42 470 euros avec la grosse batterie de 82 kWh). Le Lynk & Co 02 est un produit générique dont la seule originalité est une fonction autopartage qui n’intéresse
pas les clients, l’expérience l’a prouvé. Avec une notoriété supérieure, Smart peine à écouler ses SUV électriques, cousins de ce modèle. L’objectif de 3 000 ventes en France en 2025 semble
plus qu’optimiste ! On se demande si Geely a conscience de la saturation de la catégorie, puisque le groupe chinois compte importer dans les prochaines semaines le Zeekr X… Un autre cousin
directement concurrent de ce Lynk & Co 02. N’en jetez plus, on frôle l’indigestion !
Le bandeau de feu s'anime sur toute sa longueur lorsque l'auto se déverrouille.Nicolas Meunier/Challenges
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